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Sous les serres Stoll à Yverdon, on essaie de comprendre le langage physiologique des plantes. Le but est de produire plus avec moins de ressources.

 

Une petite révolution se prépare sous les serres du maraîcher Stoll. Les tomates d’un des leaders suisses de la production de légumes s’épanouissent sous les yeux attentifs du chef de culture et de scientifiques de haut vol. L’objectif est de comprendre le langage physiologique du végétal pour optimiser son développement. In fine, il sera possible de maximiser le rendement en diminuant drastiquement les produits chimiques. Avec en bonus des légumes encore plus goûteux. La vérité semble tellement belle qu’on peine presque à la croire.

 

Ce miracle «made in Switzerland» fait du bien à l’heure où les chercheurs suisses voient les portes de l’Europe se fermer. La technologie est en effet issue d’une start-up installée à Gland. Il rappelle aussi l’utilité de la recherche agronomique et de ses pôles institutionnels que sont les Agroscopes, qui collaborent activement au projet. La Confédération qui avait essayé de contraindre financièrement ses instituts il y a quelques années avant de revenir en arrière devra s’en souvenir.

 

«Ici l’écologie n’est pas une source de contrainte. Au contraire, elle se marie avec l’économie. Pour le meilleur.»

 

L’autre gagnant de la technologie encore au stade de l’expérimentation est le monde de l’agriculture. Le maraîcher Stoll rappelle combien il lui est difficile de trouver du personnel bien formé. L’image de son secteur d’activité est mauvaise et n’attire plus. Pourtant, en entrant dans son exploitation, c’est la noblesse des métiers de la terre qui saute aux yeux, celle qui réussit à allier des préoccupations quantitatives – le rendement – et qualitatives. Chez lui, on veut faire avec moins de chimie. On cherche à nourrir plus de consommateurs sans les empoisonner et sans détruire la planète. Ici l’écologie n’est pas une source de contrainte. Au contraire, elle se marie avec l’économie. Pour le meilleur.

 

Reste que, comme toute technologie, elle peut possiblement être détournée du but pour lequel elle a été développée. Si l’US Army s’y intéresse, cela donne du crédit à la start-up de Gland pour son sérieux et les espoirs que son travail suscite. Mais l’Agence pour les projets de recherche avancée de défense qui a pris contact avec elle, veut-elle vraiment faire pousser des carottes plus rapidement? À moins qu’elle fomente une rébellion quelque part autour de la planète. Les révolutions aiment porter des noms de végétaux (jasmin, œillets, cèdre ou tulipe), après tout.

 

Par Raphaël Ebinger